Heureusement nous avons du temps pour cela. … Bref à notre arrivée Koba nous informe qu’il a eu un appel de Leli qui ne voulait pas rester dans cette école car il y a peu de professeurs cette année et elle passe beaucoup d’heures à ne rien faire (elle a eu 4h de maths depuis la rentrée en juillet ...). A cela s’ajoute le fait d’être interne, de ne pouvoir rentrer chez elle qu’une ou 2 fois par trimestre et de ne pas même avoir le droit d’utiliser un portable.
Nous sommes donc allés dès le premier jour dans cette école, avons rencontré le directeur et Leli, qui d’ailleurs s’est jeté dans les bras de Kati, les larmes aux yeux à notre arrivée.
La discussion avec le directeur a été assez édifiante, il était vautré dans son fauteuil, s’est levé pour punir 2 élèves arrivés en retard dans une salle ( où il n’y avait pas de cours....) et n’a pas voulu nous montrer son établissement comme Kati le demandait. Par contre il a fait venir 2 élèves de 2ème année pour nous montrer leur bel uniforme.... Tout pour la forme rien pour le fond.
Les frais de scolarité pour le mois avaient presque doublé et il nous a prévenu que chaque mois il y aurait des frais imprévus comme des photocopies, les vacation de médecin pour les cours etc …
Nous n’avons pu discuter avec Leli dans son lieu de vie car elle était dans un dortoir de 8 lits, fermé à clef, et 2 autres filles étaient présentes. Nous avons juste pu faire des photos dans le dortoir. Nous avons alors demandé une permission de sortie exceptionnelle pour le dimanche suivant, permission qui nous a été accordé du bout des lèvres.
Koba est donc allé la chercher le dimanche matin et nous nous sommes rendus chez ses parents. Nous avons beaucoup discuté avec la famille élargie ( cousins, voisins …) et décidé que nous demanderions l’avis des familles françaises qui la parrainent pour la retirer de cette école avant notre départ et l’inscrire si possible dans un autre lycée.
Nous avons écrit une lettre au directeur demandant qu’elle emporte avec elle tout le matériel acheté ( y compris la literie, les bassines etc …) et lui avons dit d’attendre la fin de la semaine.
Nous avons tenté de l’inscrire sans succès dans 2 lycées où nous avons des élèves et sommes ensuite allés au Lycée près de la Fac qui fait partie de l’association Kampus dirigée par Ibu Zagötö.
Là, moyennant le paiement d’un dossier administratif d’entrée tardive (35 €) et sans le certificat de scolarité pour le premier trimestre car le directeur de l’école d’infirmière n’avait pas les papiers nécessaires quand Koba est allé à nouveau le voir ( et c’est loin dans la montagne à 25 km de Teluk ) et lui donner la lettre de Faomasi expliquant les raisons de notre décision.
Bref beaucoup de démarches et un peu de soucis car sans l’aide de Ibu Zagoto nous aurions eu du mal à la faire scolariser avant la rentrée 2012. C ’est bien d’avoir quelques appuis locaux maintenant.
Nous vous épargnons les nombreuses navettes à moto pour récupérer quelques affaires et le lundi avant notre départ, Leli faisait son entrée en première année au Lycée Kampus où elle a retrouvé sa meilleure copine Heltin : sourires, baisers et joie au programme !
Firman Laïa, parrainé par Céline :
Comme nous l’avons relaté précédemment le marché a été déplacé, toutes les personnes qui vivaient dans les petites boutiques ont été contraintes à déménagé. La maman de Firman a trouvé, à Pasir Putih, tout près de leur petit terrain, une chambra à louer dans une maison de 2 pièces.
Dix personnes vivent dans cet endroit. La grand-mère a été obligée de regagner son village a une vingtaine de kilomètres de Teluk car 5 personnes ne peuvent s’allonger sur l’unique bas-flanc qui occupe la quasi totalité de la pièce qu’ils louent.
Nous sommes allés avec Koba la voir un dimanche car on nous avait dit qu’elle n’était pas en bonne santé. Elle nous a reçu avec une grande joie : elle était devenu la fierté du village en recevant les français de l’association qui aide sa famille depuis 6 ans. Tous les enfants sont arrivés : Jacky en a dénombré plus de 50 !!! Nenek semblait aller assez bien mais elle souffre d’hyper tension, problème de santé très répandu à Nias. Nous avons laissé un peu d’argent pour aller à l’hôpital si besoin.
La maman comme d’habitude a eu beaucoup de mal a nous parler des ses réels problèmes de logement, elle ne veut pas nous déranger et dit qu’on l’aide déjà beaucoup …
Kati a du faire du forcing pour savoir la vérité : ils n’ont pas assez d’argent pour payer le loyer de 90 000 Rp par mois ( 75 € ) et depuis qu’ils ont déménagé la maman et les enfants après l’école cherchent un autre endroit moins cher ( ce qui est impossible à Teluk Dakam car il reste encore un grand nombre de gens qui n’ont reçu aucune aide et sont sans logement ni travail.
La maman, les filles et Firman sont tous les jours à la recherche de petits boulots notamment sur le marché mais celui-ci est maintenant à 3 km de leur maison et cela leur rend la tâche bien plus difficile.
Kati a fait un nouveau courrier a la Dinas Social en rappelant que depuis 3 ans nous leur avions parlé du cas de la famille de Firman : un dossier traine quelque part dans les bureaux, sans espoir de passer sur le haut de la pile. Nous sommes allés avec Koba le porter au bureau du chef en lui expliquant que le Bupati était au courant du problème et que nous lui avions aussi adressé une lettre très précise au sujet de cette famille dans le grand besoin. Il nous a rapidement rétorqué qu’il n’y avait pas de programme de construction de logements cette année. Mais que, en 2012, devait débuter un programme de construction.
Kati leur a alors promis qu’elle se rappellerai à leur bon souvenir dès janvier prochain !!! Nous avons payé le loyer jusqu’en avril afin que la famille ne risque plus l’expulsion, nous avons fait des photos du terrain et n’allons rien laisser passer dès le début de l’année 2012.
Firman a passé un trimestre dans une école de rattrapage car il a manqué l’école lorsqu’il avait du fuir à Batam. Nous attendons les résultats pour l’inscrire au Lycée. Il a 18 ans maintenant et ce n’est pas très facile pour lui de se retrouver avec des jeunes de 16 ans à peine. De plus sa vie a été très différente et son séjour à Batam a du laisser des traces dans sa mémoire. Nous avons laissé à Koba l’argent pour une année de lycée et pour l’achat des uniformes afin que Firman soit scolarisé dès qu’il aura les résultats de ses examens, ce qui ne saurait tarder …..
Kiki Fatmala parrainée par Corinne et sa famille :
Toujours en pleine forme elle a fait son entrée en juillet au lycée musulman et commence à parler un peu anglais. Elle a écrit, en anglais, une lettre à Corinne et sa famille qui la parraine. Elle nous a assurée qu’elle avait bien envoyé une lettre pour le nouvel an , cette fois je la crois mais vraiment on ne peut se fier au courrier indonésien ; il va falloir utiliser internet et la gentillesse d’Helena pour transmettre aux élèves.
Nous avons bien sûr rendu visite à la famille qui est toujours aussi turbulente avec des tas de petits enfants en guenilles qui bougent dans tous les sens et appelle Kati : mama Kiki !!!
La grand-mère est décédée d’une crise cardiaque il y a 4 mois, nous l’avions conduite à l’hôpital il y a 3 ans car elle souffrait beaucoup des jambes, les médecins lui avaient dit qu’elle devait surtout essayer de maigrir !!
Suterlina :
Depuis la fin du lycée Suterlina, incapable d’aller à la Fac ( à cause de sa santé et aussi de ses moyens intellectuels ), travaillait dans une petite boutique à T. Dalam plus pour ne pas rester à ne rien faire que pour gagner vraiment de l’argent.
Nous avons réfléchi avec Koba et nous avons pensé qu’une formation en couture serait peut-être adaptée car elle pourrait ensuite travailler chez elle et ainsi être moins fatiguée par les déplacements ( inutile de vous préciser que le vélo acheté par Faomasi est hors d’état et que nous ne pouvons tous les ans palier à la négligence de la famille pour l’entretien ou à l’usage intempestif du vélo par les frères et soeurs !!! ).
Suterlina semble d’accord pour cette proposition, reste à trouver des cours particuliers car il n’existe aucune école. Nous avons cherché avec Koba et trouvé une dame charmante qui tient une boutique de couture et prend des stagiaires. Nous lui avons expliqué le cas spécial de Suterlina et demandé s’il était possible d’effectuer une période d’essai car la formation coute assez cher. Elle a accepté.
Nous avons alors conduit Suterlina pour rencontrer cette dame et convenu que les cours commenceraient à la fin du mois quand Suterlina pourrait stopper son travail au magasin. Nous lui avons acheté tout le matériel de couture nécessaire et attendons les résultats de la période d’essai pour peaufiner le projet : achat d’une machine à coudre ( possible à Teluk pour un prix raisonnable) ?
Bien sûr le nombre de professeurs ne suffit pas et les élèves doivent faire de nombreuses photocopies car les livres sont inexistants à Nias. Ces photocopies coûtent cher, nous avons décidé de prendre en charge les frais chaque semestre avec des justificatifs.
Nous avons organisé, avec Ibu Zagoto, une réunion dans son bureau pour les étudiants que nous voulions aider. Kati a expliqué les conditions de l’aide :
- Assiduité aux cours et notes correctes aux bilans semestriels.
Les étudiants devront, aidés par Ibu Zagoto et Nur Intam ( aidée depuis l’an passé ), envoyer par internet ou par courrier postal les bulletins de notes afin que nous décidions de poursuivre ou pas notre aide.
En juillet dernier, 4 des élèves aidés par Faomasi depuis 6 ans ont passé l’examen terminal du Lycée, ils sont tous à la Fac maintenant sauf Suterlina dont nous avons déjà parlé.
Arif est dans le département d’anglais, Ferdin en mathématiques, Derma Wati en Indonésien,
Firman Zaïta dont la famille s’était endetté l’an passé pour qu’il entre en première année de Gestion d’Entreprise n’a pas su qu’une année d’études était offerte aux étudiants !!!
Heureusement nous sommes allés voir la famille dès notre arrivée et leur avons dit que nous allions faire notre possible auprès d’Ibu Zagoto pour l’inscrire de suite car il est brillant et d’après la maman les profs sont prêts à le reprendre même s’il a perdu presque un semestre.
Ibu Zagoto a pris note de son cas, elle doit faire le nécessaire auprès des professeurs et nous tenir au courant.
En attendant, comme il est très stressé à l’idée de ne rien faire il travaille dans un lycée que nous connaissons bien, comme portier, homme à tout faire...
Le papa est ferrailleur, c’est aussi une famille très attachante.
Iman Yus était sans travail l’an passé et n’avait pas pu aller à la fac faute de moyens financiers.
Il a trouvé cet année du travail au service de nettoyage de la ville et va à la Fac le soir. Il est en Gestion d’entreprise.
Nous les avons bien sûr rencontrées, ce sont des jeunes filles extrêmement timides et fort étonnées d’avoir de l’ aide par une associatin française.
Ibu Zagoto est ravie de ce partenariat, elle le souhaitait depuis la création de la Fac, Kati la connait depuis 2006.
Cela nous permet d’aider des élèves méritantes et en même temps d’alléger la charge de Ibu Zagoto qui nous le rend bien par son aide précieuse.
Nur Intam Zagoto est une jeune fille de 21 ans au visage ouvert et au regard pétillant d’intelligence.
L’an dernier nous l’avions vu quelques instants, avec Marie Cleuziou, dans le bureau de Ibu Zagoto. Elle nous avait déjà impressionnées par son sérieux et ses résultats brillants en anglais.
Cette année lors de la réunion à la Fac elle nous a présentés des comptes parfaits de ses dépenses avec l’argent alloué par Faomasi ( à faire pâlir de jalousie Koba qui est toujours limite dans la rédaction des comptes !!!).
Nous l’avons assuré du suivi de notre soutien jusqu’à la fin de la Fac ; il lui reste encore 3 semestres à faire à Teluk.
Ibu Zagoto souhaiterait qu’elle fasse ensuite un master d’anglais à Medan et revienne enseigner à la Fac de Teluk.
Pour continuer notre aide il faudrait trouver un ou plusieurs parrainages, nous en parlerons lors de la prochaine A.G et nous avons le temps de monter le projet.
Kati a demandé à Nur de faire la traduction en anglais de la lettre de Firman ce qu’elle a fait avec beaucoup de gentillesse. Nous lui avons aussi parlé d’une aide à Faomasi pour les traductions à venir, elle est ravie de nous aider à son tour.
Elle nous a invité le dimanche suivant à Bawomatalowo ( le grand village traditionnel du Sud de Nias ) où habite sa famille.
Le matin, alors que nous hésitions à partir à cause de la pluie, elle nous a envoyé un SMS pour confirmer son invitation et le grand désir de ses parents de nous rencontrer. Nous avons alors pris la moto pour répondre à cette gentille invitation.
La famille habite en dehors du village traditionnel un maison très simple en haut d’une colline. Nur est fille unique ( ce qui est très rare en Indonésie ), elle et ses parents ont descendu le sentier pour nous accueillir.
Nous sommes montés chez eux et après les présentations d’usage ils nous ont servi un déjeuner de princes : 2 sortes de viande, des légumes, du riz bien sûr et un ananas en dessert. Ceci représente une grosse dépense pour cette famille démunie.
Nous avons alors posé quelques questions et appris que le papa de Nur était tuberculeux et ne pouvait guère travailler et que sa maman souffrait d’une tumeur aux ovaires. Bien sûr et comme d’habitude ils n’avaient parlé de cela à personne pour ne pas déranger …
Kati a expliqué à Nur que la tuberculose de son papa devait être soignée gratuitement et qu’elle allait faire les démarches nécessaires, quant à sa maman il faut certainement qu’elle aille à Gunung Sitoli ( au nord) pour passer des examens. Comme ils n’ont pas l’argent pour cela et que ce n’est pas à quelques jours près, Kati a promis aussi de s’en occuper après la mission.
Avant notre départ les parents ont tenu à nous offrir des cadeaux : un sac tressé acheté à un artisan du village et un coupe-coupe fait par le papa. Il nous a été impossible de refuser mais nous leur avons précisé que ces cadeaux iraient à l’association et que nous les exposerions avec l’artisanat sans les vendre bien sûr.
Kati s’est occupé de la tuberculose du papa de Nur dès son retour en ville lors d’une réunion avec Ibu Zagoto qui va prendre le relais et a promis de nous tenir informés.
Comme Rosalina était partie, nous avons proposée qu’elle la remplace et elle a écrit une lettre en anglais aux collègiens.
Desti, nous l’avons vu souvent pendant ce séjour, elle a maintenant 13 ans et est en Klas 6, dernière classe du primaire qui dure 6 ans.
Sa santé est toujours fragile et nous avons dû l’emmener encore une fois à l’hôpital car elle avait souvent manqué l’école et ses instituteurs s’inquiétaient pour elle. Le médecin a diagnostiqué de l’asthme lié à la température et l’humidité du pays... Ils n’y a aucun médicament pour lui éviter de souffrir au sud de Nias ni même au Nord. Alors nous avons dû commander de la Ventoline à Médan. Héléna, toujours très présente quand nous avons besoin d’aide, a pu nous en apporter 2 flacons. Mais hélas depuis les nouvelles ne sont pas bonnes et nous allons sans doute être obligés de la faire hospitaliser une nouvelle fois à Gunung Sitoli.
Nur, comme nous l’avons dit plus haut remplace Rosalina.